Accueil Actualités Construction : Qu’est-ce que la RE 2020 ?

Interview de Valentine Lahaye, ingénieur indépendant de l’énergie pour l’habitat à Bayonne, membre de la coopérative habitat éco-action.

Grâce à sa qualité d’expert sur tous les sujets ayant trait, de près ou de loin, à l’habitat et aux énergies, Valentin Lahaye vous révèle les points essentiels de la nouvelle réglementation RE 2020, applicable depuis le 1er janvier 2022.

La RE 2020 : définition et champ d’application

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Qu’est-ce que la RE 2020 ?

La RE 2020 est une réglementation environnementale à destination, dans un premier temps, des bâtiments neufs à usage d’habitation. Depuis le 1er janvier 2022, elle remplace la précédente réglementation en vigueur : la RT 2012 et ne s’applique que pour les logements neufs destinés à l’habitat. Mais, dès le mois de juillet 2022, ses principes seront étendus aux bureaux professionnels, ainsi qu’aux bâtiments d’enseignement. Puis, à partir de 2023, les extensions, ainsi que les petits bâtiments (dont la superficie sera inférieure à 50m²), seront également concernés. Les autres catégories de bâtiments (comme les commerces, les hôpitaux, etc.), quant à elles, demeurent soumises à la RT 2012 pour le moment. Elles y figureront ultérieurement.

La terminologie change : on parle désormais d’une Réglementation Environnementale, contrairement à l’ancienne réglementation qui était une Réglementation Thermique.

En effet, les objectifs fixés dans cette réglementation ne sont plus uniquement axés sur la performance énergétique.

Quels sont les objectifs de la RE 2020 ?

Les objectifs de la RE 2020 peuvent se résumer en deux mots essentiels : atténuation et adaptation. Atténuation des effets du changement climatique lié aux émissions de gaz à effet de serre, mais également adaptation des bâtiments aux vagues de chaleur qui sont de plus en plus fréquentes, longues et intenses. Ainsi, cela se traduit par des objectifs clairement définis :

  • réduire les consommations énergétiques des bâtiments, en imposant des objectifs de performance ambitieux,
  • favoriser l’utilisation d’énergies renouvelables telles que le bois, les panneaux photovoltaïques, ou encore le réseau de chaleur urbain quand cela est possible,
  • limiter les émissions de gaz à effet de serre liés à la construction, l’exploitation sur 50 ans et la déconstruction de chaque projet
  • concevoir des bâtiments adaptés aux épisodes caniculaires qui sont à présent fréquents.

Qui est concerné par la RE 2020 ?

Les publics devant mettre en application l’ensemble des normes formalisées dans la RE 2020 sont, de manière globale, les concepteurs et constructeurs, et de façon plus détaillée presque tous les corps de métiers liés à la construction (architectes, maçons, propriétaires d’autoconstruction, etc.).

Outre les personnes, voici les types de biens visés par l’application de la nouvelle RE :

  • de toutes constructions neuves, de maisons individuelles ou bâtiments collectifs (mise en application de la RE 2020 à partir de janvier 2022)
  • de bâtiments de bureaux (application de la RE 2020 dès Juillet 2022)
  • d’extensions de bâtiments et bâtiments neufs (application de la RE 2020 prévue à partir de janvier 2023).

Pour ce dernier type de construction, un arrêté devrait être publié pour adapter la RE 2020 à ce type de projets, comme ce fut le cas pour la RT 2012.

La RE 2020 vs RT 2012

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La RE 2020 est-elle une mise à jour de la RT 2012 ou bien la remplace-t-elle ?

La RE 2020 n’est absolument pas une annexe. Elle remplace bel et bien la RT 2012. Il est à noter, cependant, que c’est la première fois que la réglementation nationale intègre des exigences en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Elle fait suite aux objectifs de neutralité carbone de 2050 définis par les accords de Paris durant la Cop21 (12 décembre 2015).

Quelles sont les principales différences entre la RE 2020 et la RT 2012?

En plus de l’éventail des exigences de la réglementation (concernant la ventilation, la lumière naturelle, etc.), la RT 2012 était principalement orientée sur l’aspect «énergie» des constructions. Cela signifie qu’elle imposait un besoin d’énergie (appelé «Bbio») et une consommation d’énergie primaire (connue sous le nom de «Cep») maximum.

Le volet «énergie» est toujours pris en compte dans la RE 2020, mais les méthodes de calculs ont dû être révisées et sont devenues plus exigeantes. Dans les logements, on note par exemple la prise en compte systématique des besoins en rafraîchissement l’été, jusqu’alors considérés nuls en RT 2012. Cela impose donc de prévoir davantage, dès la phase projet, l’intégration de protections solaires, de masques environnants, d’appareils de rafraîchissement passifs, etc.

Le second changement notoire est l’obligation de réaliser une analyse de cycle de vie du bâtiment. Cela consiste à comptabiliser les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à la construction du bâtiment, à son exploitation pendant 50 ans, et sa déconstruction.

Pour cela, un calcul est effectué dès le début du projet, et il doit être mis à jour au fil de l’avancée du projet, jusqu’à ce que les résultats obtenus soient conformes aux normes de la RE 2020. Celui-ci est basé sur les références de produits installés. Il devrait permettre de favoriser l’utilisation de matériaux à faible impact carbone, comme par exemple les matériaux «biosourcés» : matériaux issus de matières organiques renouvelables d’origines animales ou végétales, telles que les fibres de bois par exemple.

L’impact de ces nouvelles normes sera très bénéfique pour l’environnement. L’évolution et l’amélioration des performances énergétiques des bâtiments sont une question primordiale qu’il est grand temps d’aborder.

Cette nouvelle réglementation est également un excellent moyen de prendre conscience des origines des émissions des gaz à effet de serre liés aux habitations et aux bâtiments de manière plus générale, et, ainsi, de les réduire.

Qu’en est-il du patrimoine immobilier ancien et des projets de rénovation ?

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Dans son application stricto sensu, la RE 2020 ne concerne que les biens neufs. Néanmoins, la tendance est à l’utilisation de matériaux et de solutions peu, voire pas, émettrices de gaz à effet de serre. Ainsi, à partir de l’été 2022, il ne sera, par exemple, plus possible de faire installer, dans une maison en cours de rénovation, une chaudière au fioul ou au gaz.

Par ailleurs, les artisans et les professionnels du bâtiment semblent de plus en plus nombreux à afficher une charte de qualité. Celle-ci leur permet, d’une part, de se démarquer de la concurrence, mais avant tout, de s’engager sur un certain nombre de démarches similaires, ou très proches, à celles qui sont obligatoires dans la RE 2020. Ainsi, ils favorisent, par exemple, l’utilisation de produits vertueux, c’est-à-dire, locaux, biosourcés, et/ou en circuit court.

De plus, grâce à la RE 2020, nous avons appris à maîtriser de nouveaux outils et de nouvelles méthodes de calculs, comme l’ACV par exemple (qui permet d’estimer l’impact environnemental des travaux). Ces éléments sont un véritable atout qu’il est tout à fait possible d’utiliser et d’adapter à tout type de projet : qu’il s’agisse dune construction ou d’une rénovation.

En résumé, les projets de rénovation ne sont pas soumis à la RE 2020 à proprement parler, mais tous les projets suivent la tendance écologique impulsée au secteur du bâtiment.

Et d’un point de vue financier ?

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Il est difficile, à ce jour, de se prononcer sur l’impact financier que la mise en application de l’ensemble de ces normes aura. Certaines revues, à l’instar de Leschos ou Xpair, ont d’ores et déjà abordé la question et annoncent une augmentation allant de 5 à 10%. Mais cette information est à prendre avec délicatesse, car beaucoup de facteurs en dépendent : la typologie du bien, le coût des matériaux au moment du projet, etc. D’ailleurs, nous n’avons pas encore assez de recul pour mesurer réellement la différence de coût entre un projet RT 2012 et un autre en RE 2020.

Quel avenir pour la construction neuve ?

Les accords de Paris prévoient une diminution d’au moins 50% des émissions des gaz à effet de serre par rapport à l’année de référence (1990). Chaque nouvelle réglementation ira dans ce sens, proposant sans cesse de nouvelles normes et réformes. On privilégiera toujours plus les matériaux locaux, naturels, biosourcés et écologiques, ainsi que les technologies favorisant les énergies renouvelables et peu, voire pas, émettrice de gaz.

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