A l’Est de Bayonne, en « amont » s’étend un espace méconnu: les « Barthes de l’Adour ». Le principe est simple : maîtriser l’eau pour protéger la ville, son activité et sa population. Appliqué sur d’autres cours d’eau, ce principe a donné naissance le long de notre fleuve à un espace aujourd’hui remarquable à trois égards :
- Technique : son fonctionnement resté indispensable est maintenu.
- Historique et patrimoniale : de nombreuses réalisations en attestent.
- Naturel : pour le bonheur des hommes et de la faune sauvage, c’est une zone humide très précieuse.
La technique des Barthes.
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La maîtrise de l’eau sert deux objectifs: la protection et l’exploitation.
L’Adour descend des Pyrénées depuis le col du Tourmalet vers la Gascogne et choisit d’aller se jeter dans l’Atlantique. Elle se perd dans les marais et la lande, paysage marécageux non praticable et dangereux. Son embouchure change de place, alimente le littoral de sable comme à Vieux Boucau (« vieille embouchure ») ou à Boucau, l’actuelle embouchure.
Le développement de la ville de Bayonne, place forte militaire et commerciale dépend de son port. Elle voit son essor au XVII° et XVIII°, lorsque que Bayonne abrite de nombreux chantiers navals, l’arsenal de la Royale et de nombreux armateurs ou corsaires qui vont chercher fortune outre mer ou sur les bateaux ennemis. C’est ainsi que le hollandais, peuple de marins qui collaborent ou se battent avec les bayonnais, participent au XVII° à l’endiguement de l’Adour. Ils maîtrisent parfaitement l’art et la création de ces Barthes grâce auxquelles Bayonne est protégée des inondations. L’exploitation du fleuve et du port est pérennisée.
Les landais pleurent encore le fleuve « volé » par les basques.
La maîtrise de l’eau se conjugue donc par l’association de la digue d’une part, qui contraint le cours d’eau et crée une voie « le chemin de halage » le long de la voie fluviale, et des Barthes d’autre part, ces vastes champs en arrière et contrebas de la digue, alimentés par une succession « d’esteys » ces canaux perpendiculaires au fleuve par lesquels l’eau s’engouffre avec les marées pour y être stockée le temps de la décrue. La vaste étendue de ces champs permet l’accueil d’un grand volume d’eau sans en subir la montée.
Aujourd’hui le fonctionnement perdure. Il est resté crucial. Pour cela, la digue et les fossés font l’objet de réfections permanentes gérées par un syndicat intercommunal.
L’histoire et le patrimoine.
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L’Adour est endiguée, le chemin de halage est créé, on part à la conquête d’un territoire. Les notables bayonnais du XVIII° et XIX° siècle choisissent, hors de la ville fortifiée, la campagne et les rives de l’Adour pour l’aspect pratique de cette voie et pour l’agrément que le fleuve offre avec son spectacle permanent. Le temps n’est pas encore balnéaire, apparaissent alors tout le long du fleuve des maisons de maître qui sont aujourd’hui autant d’exemples différents de propriétés cossues et somptueuses. Pour en citer quelques-unes : Biscardi, Montaigu, Ségur, Cazaubon, Lartigue, Lapegue, Salvadora, Montpellier… Se succèdent de l’aval à l’amont parmi d’autres maisons et se singularisent à chaque fois par un choix architectural propre qui contraste avec l’architecture gasconne des fermes du secteur. L’ensemble témoigne aujourd’hui de la vie et de la richesse de ce pays encore habité aujourd’hui par des familles qui partagent cette passion pour l’ambiance des Barthes et la magie de l’Adour.
Un espace naturel très précieux.
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Les espaces naturels, leur transformation, leur disparition sont les principales causes de la réduction de la bio diversité et de la subsistance de la faune sauvage qui y voit son habitat menacé. Les zones humides sont naturellement convoitées par l’homme pour les exploiter ou les habiter. Leur préservation est difficile et fait l’objet d’un véritable enjeu dont les Barthes de l’Adour sont un bel exemple de préservation. Située sur la principale voie migratoire des oiseaux européens vers le Sud, elles sont la dernière halte avant le passage des Pyrénées et la péninsule ibérique. Les chasseurs l’ont compris depuis bien longtemps, la chasse à la jument est une pratique traditionnelle spécifique des Barthes de l’Adour. De nombreuses tonnes sont aménagées par les « sauvaginiers » qui attendent le passage des becs plats. Les chasseurs aménagent aussi des réserves comme le marais de Lesgau où un poste d’observation offre au public l’occasion d’y admirer les grues cendrées, les oies, spatules, ibis, vanneaux, souchet, sarcelles… La liste des oiseaux d’eau qui s’y reposent est longue. Elle est symbolique de la richesse de cet espace naturel d’une valeur inestimable.
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Les Barthes aujourd’hui n’ont rien perdu de leur intérêt.
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Faites de main d’homme, elles sont aujourd’hui un espace naturel d’exception, où l’homme continue de vivre. L’homme et la nature sont indissociables contrairement à la vision mystifiée de nombreux citadins qui les opposent. En longeant simplement le fleuve, on y voit d’un côté le cours d’eau, miroir infini à hauteur de la route, dans lequel se reflètent les montagnes basques et changeant avec le soleil, la marée, pour un spectacle permanent. De l’autre, les maisons et les fermes remarquables derrière lesquelles le regard se perd dans les champs et les marais où apparaissent les oiseaux, ce sont les Barthes de l’Adour, un bel exemple de nature et d’humanité.
Article d’Armand Courau, consultant en immobilier remarquable.
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