Accueil Actualités Quand l’immobilier ressuscite des romances oubliées

Travailler dans l’immobilier est un métier passionnant pour de nombreuses raisons, l’une d’entre elles est de pouvoir ressusciter des histoires de famille mais aussi l’Histoire avec un grand H.

Notre agence propose actuellement à la vente un bel appartement d’une originalité folle situé dans une demeure d’exception à Anglet et, pour moi qui ai toujours adoré l’histoire, impossible de ne pas évoquer le passé de la célèbre Villa Sophia située avenue de Biarritz à Anglet.


Certaines sources  attribuent la construction de la villa à l’architecte bayonnais Demange pour un dignitaire de l’île de Cuba autour des années 1865, quand les services de la ville d’Anglet date les lieux entre 1850 et 1870, sachant que la demeure elle-même est datée 1869 sur sa façade arrière.

Quoiqu’il en soit, la propriété est le parfait reflet des goûts éclectiques des financiers et aristocrates d’une période allant de 1860 à 1930 , où la fantaisie côtoie les citations historiques : architecture Louis XIII pour la Villa Baroja, style Tudor pour le domaine de Françon, Renaissance et Italie pour la Folie Boulart, style mauresque pour les villas Casablanca et Marrakech…

A la suite de l’Impératrice Eugénie ou de la Reine Victoria, l’engouement des têtes couronnées et de la bonne société pour Biarritz conduit les amateurs de grands espaces à s’éloigner quelque peu du centre à la recherche de davantage d’intimité.

Anglet voit alors se développer des châteaux avec tourelles, clochetons et terrasses qui sont, pour ceux étant parvenus jusqu’à nous, comme autant de témoignages de l’âge d’or de la villégiature de la fin du XIXème siècle . 

La villa Sophia n’est pas sans rappeler une belle disparue : la villa Jacqueline d’Auguste Génin avec ses tours crénelées …

Château de conte de fées, Sophia abrita au tout début du XXème siècle une famille de légende…


Tout commence en 1866, dans la Russie des Tsars.

Ekaterina Dolgorouki ; dite Katia ,  a alors 19 ans. D’une famille princière (ses ancêtres apparaissent déjà dans l’entourage d’Ivan le terrible), elle a fait la connaissance et la conquête du Tsar, 48 ans, déjà marié et père de famille, évidemment. 

Le scandale est immense surtout que, loin d’être une passade, le couple s’installe dans une conjugalité certaine et accueille successivement quatre enfants. Seuls, trois d’entre eux parviendront à l’âge adulte :Georges, Olga et Ekaterina. Le tsar, très amoureux, épouse la jeune femme, un mois après la mort de la tsarine, en juillet 1880. Il légitime également leurs enfants, leur conférant le prédicat d’Altesse Sérénissime mais sans leur conférer de droit dans la succession au trône.

En mars 1881, Alexandre II est gravement blessé dans un attentat et meurt de ses blessures.

Celle que l’on surnomma « le démon bleu d’Alexandre II » et qui sera immortalisée par Romy Schneider en 1959,  prend alors le chemin de l’exil avec ses enfants et s’installe en France, se déplaçant entre Neuilly, Nice et Biarritz comme il est d’usage parmi l’élite russe de son temps. 

Ce départ se fait dans les conditions de l’époque, c’est-à-dire que la princesse et sa famille voyagent en wagons spéciaux, accompagnés de leurs domestiques et de leurs chiens. En laissant libre cours à son imagination, il est possible de penser que les chiens surveillant l’escalier de la villa sont une réminiscence de cette affection…autant qu’une citation à d’autres châteaux comme celui de Chantilly.  

Ainsi, c’est Katia qui participera à l’inauguration de l’église russe de Biarritz et en posera la première pierre. Sa fille Ekaterina se marie en 1901, à Biarritz avec un prince russe Alexandre Bariatinski et emménage à la villa Sophia.

Ils y mènent une vie riche en mondanités et rebondissements qui annoncent les « nuits de princes »dont Joseph Kessel rendra si merveilleusement la fantasque exubérance nimbée du romanesque de l’âme slave.

Katia réside alors régulièrement à la villa La Rochefoucauld aujourd’hui disparue.

Katia disparaît en 1922 et ses enfants subissent les bouleversements de la Révolution russe , ainsi que ceux des krach et des guerres mondiales… Ekaterina, veuve en 1910, se remarie puis divorce et finit ses jours en Angleterre, en 1959.

Bibliographie :

1 « Les russes à Biarritz et sur la Côte Basque » par Edouard Labrune et Natacha Degauque Belousova, éditions Pimientos , mai 2018  

2- « Katia » Princesse Bibesco, éditions j’ai lu, nombreuses rééditions dont avril 2021 ( 1ère édition sous le pseudonyme de Lucile Decaux en 1938).

3-Villa Génin, textes par Monique et Francis Rousseau pour Biarritz promenades et textes par Monique et Julie Beaufils pour Biarritz mémoires d’images.

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