Si l’impératrice Eugénie lance Biarritz en 1854, il faut cependant attendre la fin du XIXème siècle pour voir l’engouement des artistes se développer pour la région.
C’est l’époque où têtes couronnées, banquiers et membres de la Haute Société affluent vers Biarritz et Saint Jean de Luz, bâtissant des propriétés exceptionnelles dont l’architecture sert encore aujourd’hui de référence en matière d’immobilier remarquable.
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Les artistes, eux, vont élire Ciboure comme lieu de résidence et d’inspiration.
Ils s’y retrouvent pour peindre les quais aux maisons anciennes, les fermes blanches, les rues vivantes… Car l’endroit reste un village de pêcheurs bien ancré dans la culture populaire locale.
En 1923, certains décident d’unir leurs talents et de constituer le « Groupe des Neuf ». En peignant des oeuvres résolument régionalistes, tout en conservant son identité propre, chacun d’entre eux va, ainsi, contribuer à la naissance d’une peinture basque.
Composé de Charles Colin, René Choquet, Pierre Labrouche, Henri Godbarge, Georges Masson, Perico Ribera, Raymond Virac, Ramiro Arrue, Jean-Gabriel Domergue puis Georges Bergès, le groupe est constitué aussi bien d’artistes locaux français (Masson, Labrouche, Colin) ou espagnol (Arrue) que d’autres issus de régions diverses ( Paris, Douai pour Choquet, Madrid pour Ribera etc). Pour ces derniers, leur mariage ou leur adoption de coeur feront souche au Pays Basque (Godbarge et Ribera décèdent à Saint Jean de Luz par exemple).
La Gazette de Biarritz-Bayonne et de Saint-Jean-de-Luz, se fait l’écho dans son édition du 17 juillet 1923, sous la plume de Léon Sylvain, de l’amour commun qui animent ces peintres : « Tous ces peintres épris du beau Pays Basque au point de s’y fixer à tout jamais, communient dans une commune admiration : Ils l’aiment tous d’un égal amour, mais ils le voient et les uns et les autres, sous des angles différents. Et ils l’expriment de différentes façons avec leurs manières propres, avec leur personnalité, leur tempérament.».
A ce « Groupe des Neuf », il convient d’ajouter quelques artistes emblématiques de cette peinture basque qui, eux aussi, sont issus de régions différentes mais dont l’Art contribuera à diffuser l’identité nationale basque. Il s’agit notamment des bordelais William Laparra et François Roganeau, du lyonnais Philippe Veyrin (qui sera à l’origine du Musée Basque) et du toulousain Louis Floutier qui sera l’un des hérauts de la culture basque et l’un des fondateurs de la manufacture de poterie de Ciboure.
Georges MASSON (1875-1949) – Le port de Saint-Jean-de-Luz
Louis FLOUTIER (1882-1936) – Mairie de Saint-Jean-de-Luz avec pêcheurs basques et bretons
Louis FLOUTIER (1882-1936) – Port de Saint-Jean-de-Luz depuis le quai de l’Infante
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C’est cette Histoire que nous conte la vente aux enchères qui se tiendra chez Maître Briscadieu à Bordeaux.
Les 82 oeuvres qui seront dispersées le jeudi 22 septembre prochain, sous le marteau du commissaire-priseur, sont issues de la collection d’un amateur privé éclairé, amoureux de l’Art et du Pays Basque. Elles témoignent d’abord de la patience et de l’esthétique lumineuse et éclectique d’un collectionneur mais aussi de ce que furent Ciboure et Saint Jean de Luz. Si certains sites demeurent intemporels, comme le Quai de l’Infante, la Mairie de Saint Jean de Luz ou le quai de l’Eglise à Ciboure, certaines scènes nous font revivre l’atmosphère d’une époque à travers l’interprétation personnelle propre à chaque peintre.
La maison de vente a exposé la collection dans l’ancienne galerie d’art de Jean-Bernard Dehoux à Saint Jean de Luz, rencontrant un véritable succès populaire qui témoigne de la belle vitalité du marché de l’Art Basque qui ne se dément plus depuis les années 90. En effet, que ce soit la diaspora basque, les amoureux de cette superbe région ou les propriétaires de demeures in situ sensibles à l’Art et au passé de leur terre d’adoption, tous concourent à faire de la vente de peintures basques un moment toujours riche en émotion synonyme de belles enchères. Les amateurs pourront ainsi mettre en valeur leur intérieur, voire même y trouver la vue ancienne d’un bien acquis plus ou moins récemment sur la Côte Basque.
Quoiqu’il en soit, gageons que tous seront au rendez-vous pour assister à une vente qui leur permettra, peut-être, de conserver le souvenir lumineux d’un instant d’éternité.
Ramiro ARRUE (1892-1971) – La gardeuse de vaches
Georges MASSON (1875-1949) – Le quai devant la maison de l’Infante
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Hôtel des ventes de Bordeaux
12-14 rue Peyronnet
33800 Bordeaux